Derrière ce film, signé par la réalisatrice de Ma première fois, Bowling et Les Héritiers, se cache un remarquable travail de documentation. Celui effectué autour de la radicalisation de jeunes Français attirés par le Jihad. Des adolescents, a priori sans histoire, qui se retrouvent enrôlés par des « rabatteurs », souvent via les réseaux sociaux, et qui, sans éveiller les soupçons de leurs familles, préparent leur départ pour la Syrie. Marie-Castille Mention-Schaar raconte cette histoire sous l’angle féminin. Ses héroïnes, Sonia et Mélanie, sont deux jeunes filles issues de la classe moyenne, dont on suit, pas à pas, l’enrôlement progressif, la perte des repères, l’obscurcissement du regard.
Dans ce film pourtant périlleux, les dialogues et les situations sonnent juste, la narration, audacieuse, mêle passé et présent avec une belle dextérité. Et le casting suscite l’admiration : Noémie Merlant et Naomi Amarger, déjà croisées dans Les Héritiers, sont épatantes, aux côtés de Sandrine Bonnaire, émouvante en mère aimante et compatissante, Clotilde Courau et la charismatique Dounia Bouzar, dans son propre rôle (Dounia Bouzar a fondé le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam). Au-delà de son sujet brûlant d’actualité, Marie-Castille Mention-Schaar signe un film sensible sur l’adolescence et ses fragilités, toujours à juste distance de ses personnages.