Dans ce premier long-métrage d’une jeune Texane ayant étudié le cinéma à Berlin (le film est une production germanique), on sent l’autobiographie, le vécu, le réel. Cela n’empêche pas Micah Magee de faire du cinéma et du bon, entre confession et documentaire, du particulier à l’universel. Layla, jeune lycéenne brillante de 17 ans, est sur le point d’obtenir une bourse pour l’université ; elle vit avec Danny, jeune homme déscolarisé qui deale et plane, dans un appartement constamment surpeuplé et enfumé. Lorsqu’elle se retrouve enceinte, ses parents refusent l’avortement, elle quitte son boyfriend, va vivre avec sa grand-mère dans une caravane et se retrouve face à elle-même, sa vie, ses choix. On a vu mille films sur ce sujet, et ce qui fait la différence ici, bien sûr, c’est la mise en scène. Le regard jamais misérabiliste, constamment juste à force de détails vrais et d’exacte distance sur une fatalité pas complètement subie : Layla n’est pas qu’une victime, elle a pris des décisions, des tournants, dont elle seule est responsable. Pour ne pas sombrer, malgré tout, dans le cliché, il fallait une actrice de taille. Devon Keller est une sublime découverte, une immense comédienne qui, dès le premier plan, imprime et imprègne de sa grâce aérienne et de sa force indicible la rétine du spectateur. À l’image de la caméra, qui l’aime et la caresse, on la suit, on ne la quitte plus, avec sa séduction et sa volonté, son bel appétit de vivre.