La Chair de ma chair
Une femme, blonde, diaphane. Elle est posée sur un lit, il y a des barreaux aux fenêtres. Une prison ? Ou un hôpital ? Un psy lui rend visite, pose des questions, la seule chose qu’elle demande est qu’on s’occupe de sa petite fille, restée chez elle et qui ne peut se nourrir seule. Après cette introduction troublante, le film se déroule en un long flash-back qui nous ramène en son terme au même endroit. Anne est une mère animale, qui fait tout pour nourrir son enfant qui est malade et « perd ses forces ». Pour cela, elle tue des hommes, découpe leurs membres, congèle leur sang. Filmé souvent en gros plans avec des objectifs qui rendent l’image en partie floue, travaillé au son dans des stridences et des résonances métalliques, accompagné d’une belle musique aigrelette signée Jérôme Lemonnier, La Chair de ma chair revêt des aspects de film de genre. Il y a du vampire chez cette héroïne pâle comme la mort. Thriller horrifique ou polar de l’âme ? On flotte, comme elle, entre réalité et cauchemar, entre urgence et folie. Constamment intrigant, cet étrange objet filmé peut agacer par ses effets visuels brumeux, mais on ressort fourbu et chaviré de cette plongée lumineuse au cœur des ténèbres maternelles.