Constance a perdu son boulot, son appartement, son amant. Elle quitte Paris et retourne là d’où elle vient : une petite ville de province, où elle peut habiter la maison de sa mère hospitalisée, où son ancien patron ne souhaite pas la réintégrer et lui préfère une toute jeune femme, où son ex lui en veut de la rupture et du silence, mais se réjouit de la revoir. Au-delà du postulat d’une quadragénaire frappée par la crise, la mécanique de ce premier long-métrage fort bien écrit se grippe dès les premières images : Constance squatte, Constance ment, Constance fuit. Défendu haut et fort par Marina Foïs, ce personnage peu à peu se lézarde : en plein déni, persuadée d’être dans son bon droit, « irréprochable », Constance est prête à tout pour obtenir gain de cause. Le constat social se transforme en polar vénéneux. Face à elle, son corps sportif et entraîné qu’elle contrôle parfaitement, son cerveau dérangé de tant de rêves inaboutis, on hésite constamment entre l’empathie et le rejet. Auteur de trois romans et de Salaire net et monde de brutes, une série animée sur le monde du travail pour Arte, Sébastien Marnier a une écriture singulière, un rapport au monde exigeant, une façon originale de montrer la folie. Constamment solaire grâce à la belle lumière de Laurent Brunet, chef-opérateur de Raphaël Nadjari et Christophe Honoré, le film est, dans le même temps, terriblement inquiétant par cette musique de Zombie Zombie qui, à l’image du personnage, trépigne et menace.