Tu honoreras ta mère et ta mère
C’est un bloc d’énergie pure, une centrifugeuse, un puissant tourbillon. Une fantaisie endiablée filmée sous un soleil rageur, au bord de la mer Egée. La trop rare Brigitte Roüan (Outremer, Post coïtum animal triste, Travaux) rassemble une mère de famille flamboyante (Nicole Garcia, belle et tonique), ses quatre fils (Eric Caravaca, Patrick Mille, Michaël Abiteboul, Gaspard Ulliel), leurs épouses et leur progéniture, le temps d’un été. Dans une vaste demeure qu’elle investit clandestinement, cette tribu élargie élabore un spectacle populaire, défie le temps qui passe, s’adore et se déchire.
Brigitte Roüan filme ses personnages à l’énergie, embrasse leurs forces, leurs failles, traque les dérapages, les chutes et les enlacements sur fond d’économie décadente et de toile culturelle menacée. Tu honoreras ta mère et ta mère est un film engagé, au sens politique et physique du terme. On s’y jette, comme on ose un plongeon, grisé par l’audace, gagné par l’émotion et la force compassionnelle. C’est aussi un film libre, traversé par le goût du mouvement et la peur de la séparation. L’amour maternel s’y déploie, envahit l’espace, se chante, se hurle, à perdre la raison. Celui du théâtre, de la fête et de la liesse lui emboîte le pas.
C’est joyeux, fou, drôle et terriblement émouvant.