Hitchcock

Cherchez la femme. La phrase célèbre d’Alexandre Dumas, dont raffolent les Américains – en français dans le texte bien sûr – n’a jamais été aussi bien utilisée que dans le cas de ce Hitchcock. L’intérêt de ce biopic atypique ? L’angle qu’il adopte. A l’aube des années 1960, le maître du suspense est au sommet de sa carrière. Débauché par Hollywood, il a quitté sa période anglaise pour devenir celui qui fait frissonner le monde. Mais Hitchcock se retrouve vite face à l’angoisse de la page blanche : quel sera son nouveau projet ? Un ouvrage l’intéresse au plus haut point, l’histoire d’un serial killer avec un lien très particulier à sa mère. Alors qu’il pose les jalons de Psychose, Alfred doit composer avec des producteurs qui ne le suivent pas, une presse loin d’être amicale et une actrice blonde, un peu trop hitchcockienne. Celle qui lui permet d’avancer ? Alma, sa femme. Un soutien, une collaboratrice, à la fois roc et mouche du coche. Peu de cinéastes ont autant fasciné et fait l’objet d’analyses qu’Hitchcock. Mais l’histoire d’Alma et Alfred reste globalement assez méconnue. Ce que l’on découvre avec plaisir dans le film de Sacha Gervasi, c’est l’implication de son épouse, sa participation aux films de son monstre de mari. Un monstre (parfois littéralement) parfaitement interprété par Anthony Hopkins, qui s’appuie sur les contours physiques de son personnage, bouche et bedaine en avant. Le cliché n’est pas loin, mais s’estompe au contact des impeccables Helen Mirren (Alma) et Scarlett Johansson (dans le rôle de Janet Leigh). La mise en scène sait se faire discrète, et apporte légèreté et fantaisie à une histoire dont le fond confine au drame. Notons, à cet égard, l’apport non négligeable de la musique, composée par Danny Elfman.