Grigris
Malgré une jambe morte, il enflamme les pistes d’un night-club le samedi soir : Grigris est un jeune homme de vingt-cinq ans au cœur pur et au corps de liane. En dépit du handicap et de la vie, en dépit de tout et de tous. Cinéaste de la marge, le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun (Daratt, Un homme qui crie), pour son cinquième long-métrage, s’empare de la singularité poétique du non acteur Souleymane Deme. Il le transforme en personnage et le plonge dans un précipité de faits de société (le trafic d’essence, la prostitution…), ayant tous à voir avec la question de la survie. Du documentaire urbain et sombre à la fable rurale et lumineuse, le film louvoie et prend son temps, sans parvenir à maintenir l’intérêt. Un personnage flamboyant se dégage, mais pas de véritable sujet (au-delà de la volonté du scénariste de le faire traverser des épreuves). Des images fortes et belles subsistent : des hommes torse nu poussant des bidons dans des souterrains ; Mimi, la prostituée, ôtant sa perruque frisée et révélant une chevelure lisse de métis ; Grigris évoluant avec grâce sur un toit à la nuit tombée ; et une nuée de villageoises s’unissant pour éradiquer le mal à coup de gourdins