Deux ans après le très prometteur Blue Ruin, Jeremy Saulnier a changé de couleur avec Green Room, qui a, lui aussi, électrifié la Quinzaine des Réalisateurs. En apparence, les choses changent : plus de casting (dont un surprenant Patrick Stewart en chef de bande froid et calculateur), plus de budget et un scénario en apparence plus classique. Soit de sympathiques jeunes rockers, venus jouer quelques morceaux en pleine campagne américaine, qui se retrouvent enfermés dans une pièce exiguë, cernés par des néo-nazis prêts à tout pour les faire disparaître. Au polar revanchard succède donc le survival en huis clos, plus proche du film d’horreur. Mais pourtant, l’essentiel reste là : le talent de Saulnier pour camper rapidement des personnages et sa façon de ne pas reculer devant une certaine forme de cruauté font le prix de son cinéma âpre et sans concession. Installant immédiatement une ambiance très oppressante, le cinéaste parvient à nous inquiéter pour ses jeunes héros qui échappent au statut de simple chair à canon. Et son intrigue en forme de jeu de massacre est portée par une mise en scène au cordeau, qui redonne ses lettres de noblesse au thriller moderne.