La grande boucle
On a tous un petit vélo dans la tête, des souvenirs à bicyclette, des images qui tournent en boucle, depuis notre enfance. On a vu et revu passer et repasser le Tour de France, les garçons de la course en maillot, les gens des bords de route, leurs caravanes de congés payés. Laurent Tuel se met dans les roues de cette histoire de tous les étés, qui paraît à chacun avoir duré de toute éternité : il la regarde en face, lui vole des images vraies, et s’en retourne en échappée, acoquiner la fiction avec le grand récit collectif. La Grande Boucle roule à l’ordinaire d’un amour de la petite reine : un homme sans panache quitte sa vie de tous les jours et prend la route du Tour de France, avec un jour d’avance sur le peloton. Et tandis qu’il avale du bitume, tête baissée, rage de forcené, il devient un héros, hissé à hauteur de grand coureur. Il n’est pas seul : d’autres roulent avec lui, amis, admirateurs. La Grande Boucle se passe en belle équipe : Clovis Cornillac fait le tour avec Bouli Lanners ; le tandem accroche et le cœur fait boum. Bernard Hinault les suit, sorti de sa légende. A chacun son Tour : on prend celui-là, comme une petite madeleine proustienne. On a tous des souvenirs de vélo et des héros.