En pleine année d’élection présidentielle, le mélancolique voyage à travers les USA de Jean-Baptiste Thoret, parti à la rencontre de quelques cinéastes emblématiques des années 1970.
Il est difficile de trouver un seul point d’entrée pour aborder le film de Jean-Baptiste Thoret. Consacré, un peu hâtivement, comme le « dernier des cinéphiles » par un de nos confrères cet été, Thoret, on le sait, est un érudit, passionné de cinéma américain et plus précisément par celui des années 1970, pan important de la contre-culture US de cette époque. Tourné pendant la campagne électorale de la présidentielle 2015, son film donne la parole à des figures plus ou moins célèbres qui ont émergé dans le cinéma américain des années 1970 (Peter Bogdanovich, Paul Schrader, mais aussi le moins connu Jeff Liebermann, par exemple), et à des anonymes, rencontrés lors de ce voyage cinématographique. Si ces derniers représentent majoritairement une Amérique silencieuse, sur le point de voter pour Donald Trump, les points de vue des cinéastes interrogés sont plus complexes. Ce sont d’ailleurs la richesse et les contradictions de ces entretiens qui laissent un peu dans le flou la ligne directrice du film. Pour un Michael Mann nostalgique d’une époque selon lui plus cultivée, on trouve un Bob Rafelson extatique devant les possibilités offertes par le cinéma d’aujourd’hui. Évidemment, le We Blew It final, énoncé par un Tobe Hooper émouvant et désabusé, ne laisse que peu de doute sur l’état d’esprit de Jean-Baptiste Thoret. La preuve la plus évidente en est son élégant travelling arrière final calqué, bande-son à l’appui, sur la conclusion d’Electra Glide in Blue, unique film et très beau film James William Guercio, sorte d’anti Easy Rider mélancolique, hélas oublié aujourd’hui.