Diana, Grace : les princesses de la vie sont des princesses de cinéma. Les contes de l’imaginaire et les histoires du réel se confondent avec elles. Ces princesses entrent dans le champ, plein cadre, et attrapent la lumière comme personne : elles sont des héroïnes et leurs seuls prénoms suffisent à dire leur importance et leur grandeur. Leur destin partage un fatum tragique. Leur vie est un conte de fées qui finit mal.
Nicole Kidman a tourné Grace of Monaco sous la direction d’Olivier Dahan ; le biopic est attendu sur les écrans en 2014. Naomi Watts est Diana, de tous les plans dans le film d’Oliver Hirschbiegel, qui sort le 2 octobre.
Le réalisateur allemand fixa avec La Chute le récit des douze derniers jours d’Hitler. Comment meurt un monstre terrassé ? Comment finit une princesse perdue, à l’autre bout du spectre ? Diana, icône et archétype, princesse et femme, est évidemment un personnage plus idéal, plus consensuel, plus attachant qu’un dictateur infâme et terrifiant. De cette princesse belle et tragique, qui trouva la mort brutalement dans un accident de voiture à Paris, en 1997, sous le tunnel du Pont de l’Alma, Oliver Hirschbiegel envisage le récit des deux dernières années de sa vie. Diana est séparée du prince Charles, elle s’ennuie et se languit dans son palais, s’en échappe et rencontre un homme de bien, qui sauve des vies. Le cardiologue Hasnat Khan sera son dernier amour, peut-être le seul vrai grand amour de sa vie.
Diana est l’histoire de ce grand amour et le film ne parle que de cela : c’est un portrait d’amoureuse romantique et fleur bleue. La monarchie britannique et ses personnages de palais couronnés n’apparaissent jamais, tenus hors champ des sentiments. Diana/Naomi ne quitte jamais l’écran et occupe tout l’espace de la fiction vraie, comme une présence irréelle au monde, une omniprésence qui sature tout le film. Visage en gros plan, corps suivi de près, qui avance, qui marche, qui court, qui bute et qui s’effondre.
Certains contes sont peuplés de princesses guerrières, effrontées, espiègles ou rebelles. Mais ce conte moderne raconte une princesse sentimentale au cœur tendre, une belle âme forte et fragile. Diana pourrait être une fée, une figure de nos enfances, un modèle pour petites filles, une beauté fraîche et éclatante. Dans son château doré, en proie à une immense solitude, elle rêve au prince charmant qui est ailleurs, dehors, comme le bonheur. Combien de princesses, comme elle enfermées, se sont enfuies de leur huis clos ? Combien de Blanche-Neige, de Cendrillon, de Fiona, de Raiponce ?
Mais oui, Diana met en scène un parfait conte de fées, où il est question d’apprentissage de la vie, de la mort, de l’amour, de la sexualité, de la séparation, de la violence du monde.
Diana est une princesse en fuite, en quête de soi, qui rêve d’aventure et qui éprouve la gravité des choses. Tout se structure, dans cette vie de princesse de Galles, comme dans les histoires qui ont bercé nos enfances et parlé à notre inconscient : l’épreuve initiale de la séparation, les humiliations, la tentation de l’échappée, la recherche de l’amour et la différence sociale comme obstacle au bonheur.