Prix SACD de la Semaine de la Critique à Cannes, Grand Prix à Cabourg, Bayard du meilleur premier film de fiction à Namur, le second long-métrage de Davy Chou continue son beau parcours autour du monde. Le réalisateur franco-cambodgien célèbre en fiction ses racines asiatiques, après le documentaire salué sur les grandes années du cinéma national Le Sommeil d’or, sorti en 2012, et plusieurs courts-métrages, dont Cambodia 2099, prémices de cette aventure. Diamond Island est une île quartier de la capitale Phnom Penh, devenue zone d’urbanisation moderniste extrême. Le cinéaste en fait le théâtre des rêves nocturnes aux couleurs pop d’une jeunesse cambodgienne qui travaille le jour, erre le soir, et se cherche dans un futur amnésique. Confrontant son héros ouvrier de dix-huit ans à la révélation de l’amour, et aux retrouvailles avec un frère aîné aspiré dans les nuits privilégiées, il chante un pays qui tente de se réinventer, sur les cendres d’un traumatisme tapi dans l’ombre des néons. Du sable et de la terre s’érigent des tours aseptisées, nourries de l’esclavage de la globalisation. Avec douceur, bienveillance et méticulosité, Davy Chou accompagne ses personnages graciles mais résistants, et unis par leur lien à la campagne, où est restée la survivante familiale, dont les derniers soupirs au téléphone chavirent le cœur. La précision formelle révèle une profonde humanité et une œuvre à l’éblouissement délicat.