Dalton Trumbo
Probablement le réalisateur blacklisté le plus connu de l’histoire d’Hollywood. Scénariste charismatique, Dalton Trumbo est reconnu dans les années 50 comme un fervent partisan du parti communiste. A l’aube de la guerre froide, victime du Maccarthysme et de la lourdeur des propagandes anti-communistes, celui qui n’a jamais renoncé à ses principes se voit dépeint par le capitalisme américain comme un ennemi de la nation. Incarné par un Bryan Cranston (Breaking Bad) en grande pompe qui jongle de façon remarquable entre le burlesque du personnage et le sérieux des situations plus que dramatiques qu’il traverse. Son jeu d’esprit et de charme, suffit à rendre ce personnage de fiction authentique.
Sous la caméra de Jay Roach (Austin Powers) les curseurs dramaturgiques ne semblent pas dépasser les quotas du biopic type hollywoodien. Habitué à la comédie potache qui ici ne fait que petite figure, le film finit par souffrir cruellement d’originalité dans la mise en scène. Néanmoins une représentation de l’époque assez réussie procurant quelques scènes revisitées appréciables des classiques Hollywoodien, “Le jour le plus long” ou encore “Spartacus”. Ce dernier fut le seul film de Stanley Kubrick écrit par un tiers. Poussé par l’engament de Kirk Douglas sur la production, Dalton Trumbo sera reconnu de nouveau au générique d’un long métrage.
Soutenu par un casting 5 étoiles, les différents personnages que côtoie le protagoniste lui permette de construire un rôle convaincant. Sa femme se dévouant corps et âme, incarnée par Diane Lane (Cotton Club, Batman v Superman), semble contenir toutes ses frustrations face à la croisade interminable de son mari dont les motivations viennent à se confondre entre la survie économique et la reconnaissance de ses compères. Seule sa fille, Elle Fanning (Somewhere, Super 8), qui au fil des années se détache peu à peu du combat de son père pour se construire ses propres engagements, va finalement apparaitre comme la seule à comprendre ou plutôt ressembler à Dalton lui-même. Mais la vedette est de loin volée par son producteur pendant ses années d’anonymat, joué par un John Goodman (the Big Lebowsky, the Artist) tout simplement piquant et jouissif, guidé par un franc parlé et une loyauté sans faille. Toujours prêt à repousser à grand coup de batte sa concurrence malveillante vis-à-vis de son protégé communiste. Bien décidé à continuer de séduire son public, Trumbo remportera pendant ses années de calvaires deux oscars du meilleur scénariste pour “Les vacances romaines ”et “Les clameurs se sont tues”.
Un biopic de facture assez traditionnelle ne plombant pas pour autant les messages forts sur l’engagement pour le droit à l’égalité pour tous. A l’heure où la liberté d’expression est menacée par les idéaux d’autrui, une carence pour le partage des diversités semble encore bien trop présente.
Par Arnaud Pierquet