La vie de la diva, aux vingt-cinq ans de carrière, a inspiré à Lisa Azuelos une biographie endossée par Orlando, le frère et manager de Dalida, qui permet à tous de redécouvrir cette héroïne tragique exemplaire, interprétée avec fougue par Sveva Alviti.
L’expérience est simple : mentionner Dalida à n’importe qui devrait vous valoir quelques paroles de chanson, de Laissez-moi danser à Monday, Tuesday, en passant par quelques Il venait d’avoir 18 ans. De fait, la diva a un nombre incalculable de tubes à son actif, elle a traversé énormément de modes, de genres musicaux, avec un succès rarement égalé. En général, on passera ensuite à son suicide, en 1987. Peut-être mentionnera-t-on quelques records, celui du nombre de passages à l’Olympia (14 !), celui de ses 120 millions de disques vendus, celui de ses 2000 chansons, interprétées dans toutes les langues. Mais on ira rarement plus loin.
C’est que, depuis la mort de Dalida, son frère, Orlando, le fidèle entre les fidèles, verrouille son souvenir. Et même une biographie filmée ne pouvait se faire sans lui. C’est donc avec le sceau de son accord que ce Dalida a été monté par Lisa Azuelos. La réalisatrice de LOL et Comme t’y es belle s’intéresse à l’héroïne tragique qu’était la chanteuse, aimée internationalement et connue sous le pseudonyme de Dalida, mais profondément seule dans sa vie privée de Iolanda, son vrai nom.
De ses premières amours à ses amourettes plus tardives, Lisa Azuelos dresse le portrait d’une femme blessée, qui se fait quitter sans cesse et dont les hommes finissent, tragiquement, tous par se suicider.
Elle intercale dans son histoire des chansons de la diva, des plus connues, immanquables, à quelques reprises qu’on avait oubliées, comme ce Je suis malade, interprété sur la scène de l’Olympia. Et c’est bien cette interprétation qui change tout. Parce que Dalida, la chanteuse, était une interprète de génie. Il fallait une actrice unique pour pouvoir l’incarner. C’est donc Sveva Alviti, longiligne Italienne, qui s’y colle. Quelques heures de maquillage chaque matin lui donnent le profil caractéristique de la chanteuse, certes. Mais c’est bien son regard et sa voix qui en font le sel. Elle est bluffante, touchante… Une vraie révélation.
Et, s’il est légitime de reprocher au film de ne pas montrer de Dalida son travail, son inspiration, d’en faire « simplement » une amoureuse déçue par la vie, cette biographie « amoureuse » n’est pas sans intérêt et fait renaître un personnage unique, remettant un peu de « glacé » sur les pages usées des magazines de l’époque.