Ixcanul

Haute figure d'une mère

De la fragile production du Guatemala, Jayro Bustamante vient donner des nouvelles engageantes, avec un premier film, Ixcanul, tout à la fois éblouissant et maîtrisé. Dans un cinéma de paysage, un filmage lumineux de la nature inspiré par Terrence Malick, mais qui fait songer aussi à Naomi Kawase, il fait le portrait délicat d’une adolescente que sa famille, des paysans analphabètes d’une plantation de café, vont marier. À cette union arrangée, la jeune fille ne consent pas vraiment. Elle rêve de partir loin, avec l’amoureux de son âge à qui elle se donne. Il veut aller en Amérique, il partira sans elle, la laissant seule, fille-mère de l’enfant qu’il lui a fait. Le drame social a lieu au sein d’une communauté maya, aux traditions d’un autre âge. Jayro Bustamante le filme dans leur langue, sur les pentes noires d’un volcan et à travers des champs infestés de serpents. Ixcanul, à l’intérieur de ce groupe, cadre un regard ethnographique, à l’arrière-plan politique, pour magnifier, à travers son histoire, la haute figure d’une mère.