Zaneta
Après Marian (1997), son premier long-métrage qui suivait le parcours d’un enfant rom, Petr Vaclav s’intéresse de nouveau à cette communauté à travers le portrait de la jeune Zaneta, mère d’une petite fille, épouse de David et qui vit avec sa petite sœur dans un pauvre appartement d’une banlieue de République Tchèque. Sans cesse renvoyée à ses origines, et aux travers que certains racistes leurs prêtent (voleurs, menteurs, tricheurs…), Zaneta se bat sans relâche pour faire mentir les clichés et rester debout. Lorsque son mari est tenté par l’illégalité, elle tente de l’en empêcher puis le quitte. Tourné en caméra légère, avec des comédiens non professionnels, le film reste proche du documentaire et évoque une réalité d’aujourd’hui sans jamais sombrer dans l’angélisme. Son personnage évoque une Rosetta qui, en plus des problèmes sociaux liés au manque de travail, serait sans cesse ostracisée et stigmatisée. La violence est ici double et constamment palpable. Dans le rôle de Zaneta, Klaudia Dudova est renversante. Avec son petit visage fermé, son front buté et une espèce de vitalité joyeuse chevillée au corps, elle avance vaille que vaille, vocifère si nécessaire, mais reste digne et propre. D’ailleurs, le personnage balaie et nettoie constamment, et lorsque, sortant d’un énième rendez-vous institutionnel où elle s’est fait rembarrer, elle allume sa dernière cigarette et jette le paquet qu’elle a rageusement chiffoné, elle se ravise et le ramasse. Tout entière dévolue à ne rien lâcher, jamais…