Young ones
Mordre la poussière. C’est ce qu’éprouvent les personnages de ce western moderne où la pénurie d’eau assèche l’humanité de chaque survivant. Un homme, Ernest, veille bec et ongles à ses terres et à ses enfants ados face aux rapaces avides. Mais l’esprit humain est retors. Et parfois sans pitié. C’est ce dont fait l’expérience Jerome, son fils témoin en retrait, qui va dépasser ses illusions de gosse et tenter de sauver l’honneur. Un autre petit dernier, d’une famille d’artistes, a écrit et dirigé cette aventure. Jake, cadet du clan Paltrow, fils d’un réalisateur (Bruce Paltrow) et d’une actrice (Blythe Danner), livre son second long-métrage après l’inédit en France The Good Night avec, entre autres, sa frangine Gwyneth. Il ose le film de genre et d’ambiance, et revisite les mythes de l’Amérique et du cinéma, tout en flirtant avec l’anticipation, toute proche. Des robots domestiques côtoient les fusils, le vent et l’aridité. Paltrow tient son récit avec poigne, cadre les espaces larges et les visages serrés comme chez Sergio Leone, et se dépatouille brillamment de ce ballet à quatre dans l’enfer de sable et de terre. En chercheur d’eau opiniâtre et chef de tribu cabossé, Michael Shannon offre son charisme ambigu et cette fois bienveillant. Une nouvelle pépite à sa galerie déjà riche de figures torturées, de Bug de William Friedkin à Take Shelter de Jeff Nichols. Face à lui, la jeune garde déjoue subtilement la fadeur juvénile.