Je voyage seule
Qu’est-ce que la liberté ? Est-elle une malédiction ou un choix ? Irène a quarante ans, une drôle de vie et un étrange métier. Célibataire, elle voyage de par le monde, descend incognito dans des hôtels de luxe. Là, elle enfile des gants blancs et vérifie la poussière, commande un repas au room service et enclenche son chronomètre, note la qualité et la rapidité de toutes les prestations. Du verdict de cette « invitée surprise » intraitable dépendent les étoiles des établissements où elle passe. Réalisé par la fille du grand Ugo Tognazzi, écrite avec Ivan Cotroneo (Amore de Luca Guadagnino) et Francesca Marciano (Moi et toi de Bernardo Bertolucci), cette comédie dramatique italienne questionne avec intelligence et finesse le regard des autres et la pression sociale. Sous une lumière éblouissante, dans des décors de rêve, la vie d’Irène est un perpétuel voyage qui convient à son caractère. Emmerdeuse et solitaire pour les uns, exigeante et tranquille pour les autres, Irène est un beau personnage marginal. Elle entre si peu dans le moule qu’elle n’est pas toujours comprise par son entourage : sa sœur et ses nièces qu’elle ne voit presque jamais, son meilleur ami qui pense à se caser. Une rencontre avec une Anglaise fantasque (l’excellente Lesley Manville, vue chez Mike Leigh dans Vera Drake, Another Year et, bientôt, Mr Turner) l’amène à s’interroger sur ce qu’elle veut vraiment. Margherita Buy (la psy de Habemus Papam de Nanni Moretti) est splendide : sa beauté épanouie, son débit rapide confèrent à Irène profondeur et force.