Quand vient la nuit
Bas-fonds de Brooklyn. Un bar-dépôt que la mafia utilise pour son blanchiment d’argent. C’est là que bossent Bob, trentenaire solide et taiseux, et son cousin Marv, patron bonhomme et blasé. Le train-train quotidien se dérègle quand le cadet croise la méfiante Nadia et un chiot pitbull, qu’un ex explosif de la belle refait surface, et que le bar se fait braquer. Duplicité. Suspicion. Fatalité. Le piège est en marche. Les débuts américains de Michaël R. Roskam, encensé pour son emballant et « testostéroné » Bullhead, se font sous le signe du sombre auteur Dennis Lehane, adapté pour Mystic River de Clint Eastwood, Gone Baby Gone de Ben Affleck et Shutter Island de Martin Scorsese, et qui signe cette fois lui-même le scénario d’après sa nouvelle Animal Rescue. Le résultat narratif est dense, tendu comme une flèche que la caméra suivrait au ralenti pendant 1h47. Le temps pour le réalisateur de créer une ambiance, simple en apparence et minée en profondeur. Un monde en déréliction où la menace transpire, où la confiance est denrée rare et où le sentiment peine à s’épanouir. Qui dit univers marqué et intrigue au cordeau dit figures fortes, et l’association du quatuor central est un festin de roi. Tom Hardy impressionne en nounours mal rasé qui révèle sa malignité. Noomi Rapace captive en oiseau sauvage qui a eu sa dose de blessures. Matthias Schoenaerts inquiète en sociopathe obsessionnel. Et James Gandolfini bouleverse en aîné fatigué qui n’a plus rien à perdre. Son dernier rôle.