Valley of Love
Présenté en compétition officielle, ce dixième film pour le grand écran de Guillaume Nicloux a quelque peu surpris, voire irrité la critique lors du dernier festival de Cannes. Valley of Love narre les retrouvailles imposées par leur fils, Michael, à ses parents, Isabelle et Gérard, séparés depuis des années. Dans deux missives, rédigées avant son suicide, Michael leur reproche de ne pas s’être suffisamment occupés de lui et leur demande de se rendre dans divers endroits de la Vallée de la Mort, entre la Californie et le Nevada, où il promet de se manifester. Le film nous montre alors, d’une manière à la fois touristique et progressivement de plus en plus spirituelle, les différents lieux, tous aussi arides et suffocants les uns que les autres, où Isabelle Huppert et Gérard Depardieu s’arrêtent, sans trop croire à l’éventualité de cette rencontre métaphysique. La réalisation très discrète de Nicloux est entièrement axée sur la prestation des deux comédiens, qui jouent leurs propres rôles de vedettes de cinéma. Alors que l’on pensait connaître leurs palettes dans leurs moindres recoins, Huppert et Depardieu nous surprennent encore, faisant preuve d’une sensibilité fort touchante dans leurs scènes de tendresse nostalgique et surtout dans leur lecture des lettres qu’ils ont reçues respectivement. Leur talent est tel qu’ils parviennent à rendre crédible la fin du film, qui ne peut qu’être refusée par les rationalistes au cœur sec.