The Rover
Après Animal Kingdom, relecture australienne du thriller mafieux, David Michôd change radicalement de registre et aborde un genre fécond du cinéma des antipodes, le film post-apocalyptique. Soit un concept d’un minimalisme digne de Beckett : dans un futur proche et désolé, un homme (Guy Pearce), dont on vient de voler la voiture, va tout faire pour retrouver son véhicule. Il croise en chemin un braqueur rescapé (Robert Pattinson), qui va devenir, bon gré mal gré, son compagnon de route. Pilier de la nouvelle vague du cinéma australien, Michôd a prouvé avec son premier film qu’il était doué dans de nombreux domaines, dont la construction de caractères forts et la direction d’acteurs. Avec ce nouvel opus, le réalisateur s’éloigne de la richesse un peu désordonnée d’Animal Kingdom et de ses nombreux personnages pour aller directement à l’épure : laconisme des protagonistes, absence de psychologisation, behaviorisme brut et une ironie qui confine au nihilisme. Avec un terreau pareil, George Miller nous concoctait il y a une trentaine d’années la saga des Mad Max, pleine de bruit et de fureur. Michôd, lui, opte pour un traitement radicalement différent, où l’étirement du temps et des scènes mène à un regard désespéré sur une humanité en perdition.