Auréolé du triomphe du brillant Le Discours d’un roi et du bruyant Les Misérables, le Britannique Tom Hooper filme cette fois un sujet moins lisse, pour toucher le grand public et le cinéma « mainstream », corseté par les schémas stéréotypés. The Danish Girl est tiré d’une histoire vraie. Celle de Einar Wegener, peintre danois qui découvrit, une fois marié, que son être profond était femme, et que son corps d’homme était inadéquat. Mais comment faire, à l’aube des années 1930 ? Vaste ambition que de redonner vie à la première personne opérée pour un changement de sexe, et devenue Lili Elbe. Le scénario de Lucinda Coxon, adapté du roman éponyme de David Ebershoff, suit les époux Wegener, artistes-peintres, de Copenhague à Paris, indéfectiblement unis dans un combat avant-gardiste. Gerda encourage et défend sa moitié, qu’elle souffre pourtant de voir s’éloigner de son désir à elle. Alicia Vikander épate en compagne progressiste. Eddie Redmayne excelle dans un nouveau rôle à Oscar, et enrichit son jeu. Autour d’eux, des virtuoses incarnent la bienveillance : Matthias Schoenaerts, Ben Whishaw, Sebastian Koch et Amber Heard. Aidé d’un impeccable travail formel, le classicisme de Hooper se double d’un léger décadrage des plans. Pictural et symbolique. Un film gonflé, qui allie la reconstitution d’époque précise et raffinée à un plaidoyer du transgendérisme. Sous le sceau de l’amour altruiste.