The Assassin
Au IXème siècle, en Chine, Nie Yinniang, une jeune femme assassin d’élite, est chargée d’éliminer son cousin Tian Ji’an, gouverneur de province rebelle aux ordres de l’empereur. Mais l’homme fut autrefois son promis et l’amour interfère avec le devoir de l’exécutrice. Pris à la lettre, ce scénario peut rappeler les grands classiques du Wu Xia Pian du milieu des années 1960, au temps où ses héros étaient encore des héroïnes. Et on ne peut s’empêcher d’appréhender le film avec le souvenir d’œuvres comme L’Hirondelle d’Or, de King Hu ou Golden Swallow, de Chang Cheh. Mais nous sommes, bien sûr, chez Hou Hsiao-Hsien et la question du cinéma se pense plus en termes de cadre que de rythme. On peut d’ailleurs être un peu perdu à la première vision d’un film où les enjeux narratifs se dévoilent très lentement, le cinéaste privilégiant, comme à son habitude, de longues scènes contemplatives, à la beauté renversante. Le jeu sur les textures et les couleurs est en effet particulièrement saisissant. Mais ce qui surprend le plus, finalement, ce sont les scènes d’action brèves et sèches, retravaillées numériquement, une première chez le réalisateur du Maître de marionnettes. Le fait qu’elles interviennent comme des intermèdes, parfois presque subliminaux, entre deux scènes plus proches du style habituel du cinéaste, apporte encore un peu plus de singularité à ce film, récipiendaire plus que mérité du Prix de la mise en scène à Cannes.