Seul sur Mars

Le film sur l’homme perdu au milieu de nulle part façon Robinson Crusoé est devenu un genre en soi, avec ses codes et passages obligés. Laissé pour mort sur la planète rouge par l’équipage de sa mission obligé de décamper en pleine tempête, Mark Watney se réveille seul avec toutes les probabilités contre lui. Nonobstant, ce scientifique et botaniste décide de tout mettre en œuvre pour survivre. Adapté du best-seller d’Andy Weir, roman à la première personne façon journal de bord, le scénario signé Drew Goddard (World War Z, certains épisodes de Lost… ) est brillant. Il fait la part belle aux monologues explicatifs frappés au coin d’une ironie mordante, délivrés par un Matt Damon en grande forme. Et la lumière dorée et les tons ocre baignant la partie martienne sont de toute beauté. Le contrepoint des pontes de la NASA tergiversant sur le coût et les risques encourus laisse une impression tenace de parois vitrées et d’écrans argentés, de costumes anthracite. Et celui du vaisseau Hermès, où les compagnons de voyage de Mark s’organisent en mutinerie pour sauver leur ami, est blanc, vaste et nimbé… Ridley Scott recycle la matière de ses propres films de science-fiction (Alien, Blade Runner), assume quelques références incontournables (2001, l’Odyssée de l’Espace  de Stanley Kubrick, of course) et nous offre une ode au système D et à la solidarité, spectaculaire et réjouissante.