Le dos rouge
Bertrand, cinéaste reconnu, recherche, dans le cadre du travail préparatoire de son prochain film, une peinture représentant la monstruosité. Il parcourt les salles et réserves des musées, avec Célia, une historienne brillante, qui est chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. La voix off de sa mère (Charlotte Rampling, invisible mais si présente) ouvre le film, tandis que Bertrand se frotte à sa compagne, sa sœur, sa productrice… Toutes ces femmes qui l’inspirent et l’encombrent, l’inquiètent et l’émerveillent, semblent le grignoter peu à peu comme la tache rouge qu’il découvre dans son propre dos… Voilà un projet extraordinaire, mené sur trois ans par Antoine Barraud, qui, dans l’intervalle a signé son premier long-métrage, Les Gouffres. À la fois réflexion sur le cinéma, la représentation du mal, et la circulation incessante entre le réel et la fiction, Le Dos Rouge est constamment intriguant et singulier, malgré un final un peu trop éparpillé. Un film spécial. « Spéciale », c’est ainsi que Bertrand qualifie Célia. « C’est bien, spéciale, non ? C’est mieux que banale à crever ? » répond la productrice. Oui, c’est bien. On souscrit à cette étonnante chronique de quelques jours dans la vie d’un metteur en scène, interprété avec candeur et conviction par Bertrand Bonello. Il trimballe avec lui sa filmographie singulière et dégage une vraie étrangeté, un air d’être là sans y être. Bourré de références cinématographiques (Hitchcock, Buñuel…) et picturales (Le Caravage, Spilliaert), cet OVNI nous fait ouvrir grand les yeux.