La Ritournelle
Quatrième long-métrage déjà pour Marc Fitoussi qui trace tranquillement son chemin. La Vie d’artiste, Copacabana, Pauline détective et aujourd’hui La Ritournelle prouvent son sens de l’observation humaine, où le souci de véracité comportementale se colore d’une fantaisie douce-amère. Le dernier opus démarre sur Isabelle Huppert, qui servait les grands auteurs sur scène ces derniers mois (Les Bonnes de Genêt, Les Fausses confidences de Marivaux), en plein brossage de taureau. Un couple d’agriculteurs prospères mène sa vie en Normandie. Mais Brigitte s’ennuie dans son train-train comme le lui dit son eczéma chronique. Alors elle tente l’escapade buissonnière. Histoire de prendre l’air et de voir de quoi elle a l’air. Xavier, lui, se satisfait de ce qu’il a. Sauf qu’il commence à perdre sa femme. Et que ça lui fait mal. Comment se renouveler, comment se retrouver soi-même et avec l’autre, comment rallumer l’amour en berne ? Grandes questions que Fitoussi creuse en doux orfèvre dans ce voyage intime et sur le fil, sous la photo dense et chaleureuse d’Agnès Godard. Les deux héros mûrs, au vécu déjà riche, se complètent avec bienveillance grâce à un travail ciselé sur les attitudes, les réactions, les postures, les dialogues et les silences. Darroussin est émouvant en gentleman-farmer perdu sans son autre. Huppert est touchante en Emma Bovary en pleine parenthèse inattendue.