Queen and Country
John Boorman replonge à la poursuite de ses souvenirs en livrant, vingt-sept ans plus tard, une suite à Hope and Glory : dans Queen and Country, Bill Rohann a 18 ans en 1952 et est appelé à effectuer son service militaire en tant qu’instructeur dans un camp d’entraînement pour jeune soldats en partance pour la Corée. Son existence est contrariée régulièrement par le zèle du sergent-major Bradley, qu’il cherche dès lors à évincer, avec l’aide de son ami Bill… Dès les premières images du film, la force évocatrice de Boorman confine à un classicisme que l’on croyait révolu au cinéma et qui possède le charme envoûtant d’un retour aux sources. La sagacité du cinéaste octogénaire déjoue avec finesse toute entreprise à anticiper les ressorts narratifs de son sujet, livrant une véritable leçon scénaristique, faite de surprises et d’émotions autour de ses personnages et des détails accrus de sa reconstitution historique. Callum Turner et Vanessa Kirby, qui incarnent respectivement Boorman jeune et sa propre sœur, forment notamment un couple d’une belle sensualité, allègrement incestueuse. Tour à tour, ces souvenirs personnels apparaissent comme un jeu de miroir fantasmagorique captivant à décoder, mené par un grand auteur, maître de cinéma et de l’illusion.