En adaptant Le Cas Sneijder de Jean-Paul Dubois, Thomas Vincent (Karnaval) fait le portrait d’un homme qui, suite à un rarissime accident, dans lequel sa fille aînée a péri, se réveille du coma et d’une vie qu’il a laissé filer. Le changement de titre — La Nouvelle Vie de Paul Sneijder — reflète un ton légèrement différent du roman, un tout petit peu moins noir et clinique. Situé, comme son modèle littéraire, à Montréal, le film contemple les immensités neigeuses dans cette île Sainte-Hélène qui borde le fleuve Saint-Laurent, enclave dans la ville, monde en soi. Le froid envahit tout, il est palpable à l’écran, tel un écrin blanc et bleuté enchâssant cet homme gelé qui peu à peu se réchauffe. Partant d’un drame absolu et d’une représentation féroce d’une société de cadres supérieurs, dont le fer de lance est la deuxième femme de Paul et leurs jumeaux obsédés par les « univers à haut potentiel » et l’argent, le film vagabonde en une marche forcée (Paul, pour se remettre de l’accident, doit faire de l’exercice) doublée d’un voyage intérieur. Comme dans tout « road-movie », Paul fait des rencontres étonnantes : le patron de la société Dog Dog Walk (promenades de chiens en tous genres), collectionneur de nombres premiers (Guillaume Cyr), et un avocat chevronné amoureux des jardins japonais (Pierre Curzi). Thierry Lhermitte et Géraldine Pailhas sont les interprètes idéaux de cette fable dépressive et poétique sur une prise de conscience.