Mustang

Une vitalité débordante

/ Critique parue dans le numéro de juin 2015 de BANDE A PART, magazine de cinéma /

Mustang de Deniz Gamze Ergüven : à retrouve sur CINE+ A LA DEMANDE.

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs le mois dernier, où il a reçu le Label Europa Cinémas, Mustang reste l’une des révélations fortes de Cannes 2015. Ce premier long-métrage est l’œuvre d’une jeune réalisatrice turque, Deniz Gamze Ergüven, déjà auteur de deux courts-métrages, et qui a coécrit son scénario avec sa collègue française Alice Winocour (Augustine, Maryland). Une vitalité débordante inonde ce portrait groupé de cinq jeunes sœurs du nord de la Turquie. Le parcours libertaire d’une jeunesse féminine soudain cloîtrée dans la maison familiale, alors que le désir et la concupiscence sèment le désordre dans un hypothétique havre de vierges rangées. La cinéaste filme ses héroïnes à l’insolence salvatrice avec acuité et énergie. Pulsions de vie, subterfuges, fugues, rébellions, les solutions vitales et narratives s’enchaînent pour faire exploser les barrières de cette prison sous haute surveillance. Sans complaisance, l’auteur dénonce la manipulation machiste et les diktats d’un monde englué dans sa peur de la femme et du désir autre (féminin, homosexuel). L’image de David Chizallet et Ersin Gök magnifie les visages, les chevelures et les corps, tout comme elle fait corps, justement, avec les trajectoires des personnages et avec le jeu incessant entre la fuite et l’enfermement. Avec son titre métaphore de chevaux redevenus sauvages, Mustang séduit, amuse, révolte, bouleverse. Mustang est un mouvement. Mustang est un cri.