Mister Babadook
Babadook… Dook… Dook. Nul doute que cette incantation maléfique et sépulcrale appartiendra bientôt au patrimoine du septième art. Amelia élève seule son fils Samuel, enfant hyperactif en proie à de terribles cauchemars. Lorsque débarque dans leur vie un livre dont le personnage principal est l’affreux Mister Babadook, d’inquiétants événements ne tardent pas à convaincre le petit garçon que le monstre est vraiment sorti de l’ouvrage. Jennifer Kent revisite le mythe du croque-mitaine. Inspirée par Roman Polanski, qui a fait de l’horreur domestique un art (Rosemary’s Baby, Répulsion, Le Locataire), la réalisatrice installe un malaise. Images et sonorités trahissent aussi bien sa passion pour l’expressionnisme que pour le faiseur de fantasmagories qu’était Georges Méliès. Si ce premier film – un développement de son superbe court-métrage Monster – ne bouleverse pas la grammaire cinématographique, il révèle une maîtrise et un style certains. Film d’horreur, thriller psychologique, Mister Babadook se situe quelque part entre les deux, à la lisière du fantastique. Œuvre intense sur la cellule familiale et la difficulté d’être mère, il dit les nuits sans sommeil, le bruit effroyable qu’un enfant peut faire, la dépression, le deuil, aussi. Jennifer Kent signe un récit initiatique pour prouver qu’il faut affronter ses peurs les plus profondes et se convaincre qu’il est toujours possible de sortir des ténèbres.
Par Mélanie Carpentier