Rien de tel qu’un projet léger après une grosse production pour se refaire une santé. Michel Gondry a suivi les conseils de sa pote Audrey Tautou. Microbe et Gasoil fait suite à L’Écume des jours et au génial Conversation animée avec Noam Chomsky, et puise dans les souvenirs du cinéaste bricoleur. C’est l’histoire d’une amitié adolescente, dans un environnement favorisé, mais pas tant que ça pour les deux héros, qui slaloment entre le bric-à-brac familial et le regard des autres sur leur dégaine et leur lubies. L’un est fan de dessin, l’autre de mécanique. Le film est une chronique d’adolescence nostalgique, qui vire au road-movie amateur. Trouvaille désopilante, la voiture-maison née de l’imaginaire de Gondry, qui trimballe les personnages autant que le spectateur dans cette virée tendre et simple. Pas de grands effets, de grande nouveauté ou d’enthousiasme démesuré. Juste un regard bienveillant sur l’être qui grandit et n’a pas encore les armes pour affronter le monde. Un monde né des rêves, où les adultes sont parfois sérieusement givrés (la mère de Microbe, le dentiste et sa femme), et les jeunes joliment gauches (la fille à l’appareil dentaire, le trou à travers le mur). En gommant la « branchitude » et l’ancrage générationnel, Gondry inscrit son nouvel opus dans un état atemporel, et crée sa singularité. Celle d’un récit qui révèle deux jeunes acteurs à la bobine effrontée, Ange Dargent et Théophile Baquet, et offre des partitions cocasses à Laurent Poitrenaux, Hélène Alexandridis et Sacha Bourdo.