Dans notre époque malade, en impasse, menacée, le cinéma de Thomas Lilti a quelque chose d’un protocole compassionnel. Ses histoires à hauteur d’homme et d’âme prodiguent à nos souffrances la thérapie nécessaire d’une altérité en profonde sympathie. Comme s’il en renouvelait les principes actifs, le réalisateur médecin d’Hippocrate filme avec un sens aigu la bienveillance, la bonté, l’oubli de soi. Avec Médecin de campagne, il se donne un élan balzacien de comédie humaine : avec François Cluzet et Marianne Denicourt dans les figures du dévouement et de la philanthropie, il livre une leçon de vie toute simple, celle de gens admirables dont on pourrait dire qu’ils sont des héros à leur manière. Ce troisième long-métrage met en scène, sur un scénario soigné, précis, exact, la réalité dure et complexe de l’exercice de la médecine de campagne : Lilti poursuit l’exploration d’un métier, après la vision hospitalière d’Hippocrate autour de l’apprentissage et l’initiation d’un étudiant en médecine, en ville. Sa fiction s’arme de vérité documentaire pour décrire le quotidien pas simple d’un praticien en zone rurale et pose sur cette réalité un regard juste et sans pathos. Il manque un brin de romanesque dans le réalisme appliqué de cette étude d’un milieu, mais Médecin de campagne fait du bien s’il ne nous guérit pas de tout.