La maison au toit rouge
Taki vient de mourir, son neveu s’empresse de lire l’autobiographie qu’elle a laissée. Jeune campagnarde en 1936, elle devient bonne d’une famille bourgeoise à Tokyo sous le toit paisible de Tokiko, son mari et leur fils de 6 ans. Au cours de son service diligent, Taki est témoin de l’adultère naissant de sa maîtresse avec un jeune homme raffiné. Réalisé par le vétéran Yoji Yamada (84 ans), cinéaste peu connu en France, contrairement au Japon où il dirigea une série de 46 films de Tora-San (personnage célèbre de marchand ambulant désespéré en amour), La Maison au toit rouge est adapté du roman de Kyoko Nakajima et son 82ème film. Les protagonistes y entretiennent le caractère d’humilité et d’abnégation propre à la culture nipponne. La mise en scène semble ressurgir du passé, celle d’un ancien Maître aux secrets bien gardés. La nature même du propos, entrelacs du temps et des récits, prodigue un crescendo d’émotions digne de David Lean (première période, Brève Rencontre ou Vacances à Venise). Une nostalgie singulière s’insinue ainsi discrètement jusqu’à vous décrocher des larmes, soutenue par l’interprétation remarquée de Haru Kuroki (Ours à Berlin en 2014), les harmonies délicates de Joe Hisachi (fidèle musicien de Miyazaki) et de multiples détails envoûtants en guise de décor, telles ces étoiles scintillantes dans la nuit. De l’orfèvrerie majeure.