Los Hongos
Entre docu et fiction, le deuxième long-métrage de Oscar Ruiz Navia suit dans une ville colombienne, Cali, les pérégrinations de deux jeunes gens, graffeurs à leurs heures, pas perdues pour tout le monde. Raz est noir, élevé par sa mère ; il est issu d’un milieu très pauvre et se fait virer du chantier sur lequel il travaille pour avoir volé de la peinture destinée à couvrir les murs de la ville de ses dessins. Calvin est blanc, il prend (sporadiquement) des courts de peinture et entretient une relation compliquée avec une camarade étudiante ; il vit avec sa grand-mère (délicieuse Atala Estrada) dans une belle et grande maison des quartiers. Lors d’une réunion avec d’autres artistes, les deux compères décident de réaliser avec eux une fresque dans laquelle ils glisseraient des messages politiques relatifs aux manifestations du printemps arabe. Malgré quelques baisses de rythme et une volonté parfois forcenée de faire passer des messages par les dialogues (sur la corruption, la drogue, etc.), cette chronique d’une jeunesse sans attaches ni structure est traversée de moments de cinéma beaux et joyeux. Les deux jeunes acteurs, Jovan Alexis Marquinez et Calvin Buenaventura, sont d’une justesse remarquable et portent littéralement le film. L’atmosphère foutraque du pays, ses couleurs et son énergie sont particulièrement palpables dans les moments suspendus où les deux amis sillonnent la ville, séparément, puis ensemble, à vélo et en skate.