Sauvage. Noir. Poisseux. Ce premier long-métrage coproduit par la Belgique et les Pays-Bas prend à la gorge. Et ne lâche plus, jusqu’au dénouement infernal. Le jeune réalisateur Robin Pront et son interprète principal Jeroen Perceval ont imaginé un scénario aux accents de tragédie antique, revus à la sauce polar sombre, dans le milieu populaire wallon. D’après la propre pièce du second, qu’il a étoffée de personnages pour le grand écran. Une sorte de greffe entre James Gray, Nicolas Winding Refn, Uno d’Aksel Hennie et Bullhead de Michaël R. Roskam, autre production de Savage Film, brillante société belge, coproductrice du récent Keeper de Guillaume Senez. Du thriller comme toile fatale, dont les fils étouffent le lien familial et le déterminisme social, jusqu’à l’horreur. Le cinéaste en herbe tient son récit avec une mise en scène nerveuse et dense. Avec une science du casting et une direction d’acteurs au cordeau, où chaque visage transpire la menace en germe, le danger tapi dans l’ombre. Une simple apparition de Jan Bijvoet, le Borgman d’Alex van Warmerdam, et on flippe. Même la mère des deux héros n’est pas rassurée. Car leur fratrie brûle, bouillonne, implose. Du béton urbain aux clairières ardennaises. Des salles à manger sous tension aux entrepôts de hantise. L’enfer est là.