Des lendemains qui chantent
Une époque : si loin, si proche. Une ambition : raconter la « génération Mitterrand », celle qui, de 1981 à 2002, est passée de la liesse aux renoncements, puis aux forfaitures, jusqu’à l’incroyable fracture d’un certain 21 avril. Un casting : une pléiade de comédiens sympathiques (Pio Marmaï, Ramzy Bedia, Laetitia Casta, André Dussollier), raccords avec leurs personnages, aussi emblématiques qu’attachants. Un ton : cocasse sans être cynique. Un format : narratif, pas très fougueux sans doute, mais fluide. Un + un + un + un + un : l’opération « vintage » de Nicolas Castro (scénariste et réalisateur) se tient, et donne à voir, in fine, une comédie plutôt réussie, même si l’on ne se plie pas totalement… en quatre non plus. De fait, on reste dans le survol. Ce petit précis de décomposition du PS français – on y reconnaît nombre de silhouettes, sinon de parcours – a le mérite, néanmoins, d’être juste tout en restant enjoué. Il a la bonne idée, aussi, de ne pas trop sonner « nostalgie facile », notamment dans sa BO, habilement composée par Jeanne Cherhal. Ultime qualité : débouchant dans les salles juste après le vent mauvais des élections municipales et la déroute des européennes (aïe, aïe), Des lendemains qui chantent est éminemment d’actualité. C’est à cela, aussi, que l’on mesure la finesse d’une chronique du temps qui passe : son sens du timing.
Par Ariane Allard