Impressionnant de réaliser à trente ans un premier long-métrage aussi grave et tenu. Magnus von Horn s’est intéressé à un fait-divers d’un ado de quinze ans ayant étranglé sa copine, car elle avait craqué pour un autre. En résulte une fiction étouffante, où un garçon de retour au bercail et stigmatisé comme monstre inhumain, affronte le foyer familial, le lycée, la ville, le monde. Le jeune cinéaste tend un miroir à une Suède où les modèles d’équilibre et d’harmonie sociale implosent, sous le joug de l’instinct primaire. La mise en scène fait corps avec ce John, tout blond, tout maigre, qui incarne la face noire d’une jeunesse dont le vernis a éclaté. Son avenir est serré dans un étau, tout comme le cadre de l’image et le tempo narratif ne laissent aucune échappée à la dureté. Pourtant, la vitalité résiste. Une force subsiste. Celle d’un être décidé à tenir debout, et qui cogne sans relâche aux murs du réel. Celle d’un auteur qui affronte les démons de l’humanité, et veut croire dans le cinéma comme territoire de tous les possibles. Dans la peau du protagoniste pivot, le chanteur vedette Ulrik Munther marque par son incarnation de celui qui veut être avec les autres. Lancée à la Quinzaine des Réalisateurs 2015, cette coproduction européenne a été primée à Ostende et par l’Académie du Cinéma Polonais.