Le thriller est un genre qui fait des émules en France (pour ne citer que quelques titres récents, Un homme idéal, De guerre lasse, La French ou Engrenages à la télévision), mais son petit cousin, le thriller politique, semble moins représenté. C’est pourtant celui-là qui a donné le ton du premier long-métrage de Nicolas Pariser. En s’inspirant très librement de l’affaire Tarnac et du Comité invisible, le cinéaste construit une intrigue qui suit Pierre Blum, un écrivain quadragénaire sur le retour, chargé par Joseph Paskin, un curieux personnage, d’écrire sous pseudonyme un pamphlet, pièce maîtresse d’un engrenage destiné à déstabiliser un homme politique. Cette mise en place, précédée par la mystérieuse et secrète extradition d’un intellectuel italien, définissent le, ou plutôt les tons d’un film qui ne se plie jamais vraiment à un genre. L’art de Nicolas Pariser consiste, entre autres, à travailler sur différents registres pour nourrir son récit. Suspense et romance sont évidemment là, éléments essentiels au spectacle, mais ils servent de socle à une réflexion désenchantée sur l’exercice du pouvoir. Et celle-ci est menée dans une mise en scène sobre et précise, un des atouts non négligeables de ce premier film enthousiasmant.