Il y a d’abord Fatsah Bouyahmed. Acteur, humoriste, il promène son grand corps dégingandé dans les seconds rôles depuis un moment… Il était temps qu’il se retrouve en haut de l’affiche. Touchant, drôle, il réussit aussi un joli numéro d’équilibriste et il fait, dans son duo avec sa vache, toute la poésie de ce road-movie bovin mais pas beauf.
Pourtant, des villageois algériens dans tous leurs travers au Comte désoeuvré qui s’enfile les Xanax comme des Tic Tac, les clichés sont nombreux à croiser la route de Fatah. Et le danger du « mauvais populaire » se profile à chaque fois, pour être renvoyé à des productions d’un moindre calibre par le réalisateur vigilant. Les personnages existent tous, et le talent des nombreux seconds rôles, de Lambert Wilson à Jamel Debbouze, c’est aussi de savoir les faire exister par une ou deux phrases, par un regard, leur conférant un surcroît de profondeur. Certes, ce n’est pas pour autant un film introspectif, et La Vache revendique avec bonheur son envie de faire rire dans les chaumières. On aime sa poésie, le sourire de ses acteurs, et même si on aurait apprécié de prendre un peu plus le temps des sentiments, on est sensible à la pudeur et à la légèreté du film.
Naïf ? Et alors ? C’est cette envie de faire rire, de rassembler sans vouloir gommer les différences qui nous séduit ; ce mélange-là a un goût de vrai et on en ressort avec le sourire. Qui pourrait donc meugler que c’est une mauvaise chose ?