Premier long-métrage du comédien Olivier Loustau, second rôle solide vu chez Tavernier (Capitaine Conan) et Kechiche (La Graine et le Mulet), La Fille du patron narre la rencontre entre un quadragénaire ouvrier du fil et une jeune ergonome de vingt-cinq ans venue faire une étude dans l’usine paternelle. Deux univers que tout oppose se rejoignent par le hasard du sentiment naissant entre ces deux-là. Loustau interprète avec aplomb et talent le rôle de Vital face à Christa Théret, à la fois diaphane et coriace en Alix. Ce qui est beau dans cette comédie romantique ancrée dans le social, ce sont tous les petits détails d’écriture (le scénario est cosigné par le réalisateur avec Bérénice André et Agnès Caffin) qui, dès la première scène de fin d’entraînement de rugby, donne la mesure de la cohésion sociale et fraternelle qui règne dans ce petit monde. Régenté par l’appartenance à un même groupe de travail et de loisirs, tous deux chapeautés par l’usine, cet échantillon humain joyeux et mixte est immédiatement identifiable : on sait qui aime qui, qui essaie d’avoir un enfant, qui en veut à celui-là d’être le nouveau mec de son ex, qui se supporte seulement et qui se soutient systématiquement… De fêtes d’après match en querelle conjugale, de scène intimiste en discussion d’atelier, le film évoque avec justesse et humour une version moderne de Roméo et Juliette, parcourue par la fierté d’hommes et de femmes nés libres et égaux en droit.