C’est avec une régularité de métronome que le réalisateur coréen Hong Sang-soo réalise un film par an, un rendez-vous toujours intime avec le spectateur, dans un bel élan de cohérence et de simplicité qui marque sa filmographie. Dès les premiers instants, Un jour avec, un jour sans (Léopard d’or à Locarno) nous porte en terrain conquis : Ham est réalisateur et flâne dans la ville de Suwon, où il doit présenter son dernier film. Il rencontre Yoon, une artiste peintre, avec qui il passe la journée et la soirée… De prime abord, rien ne semble perturber Hong Sang-soo dans sa douceur à capter la réunion de deux êtres étrangers, fruit du hasard et de verbiages illimités. Mais soudain, à mi-parcours, le film recommence. Hong Sang-soo convoque le principe de Smoking/No Smoking d’Alain Resnais : dans la réédition du spectacle auquel nous venons d’assister, il modifie peu de choses, un mot, une attitude et, avec la finesse d’un scalpel, il examine les conséquences. Plus encore, le cinéaste réinterprète des scènes, montant ou cadrant différemment. Ces changements de point de vue, aussi aigus soient-ils, suffisent à bousculer l’espace-temps pour d’inépuisables séries de trompe-l’œil et jeux d’esprit. Une expérience en miroir sur l’acte artistique d’une finesse absolue.