Geronimo
Le film commence dans l’énergie. Celle de cette mariée qui fuit à toutes jambes. La caméra la suit, court avec elle, saisit dans un mouvement un jeune homme à mobylette, qui la rattrape et l’embrasse. Ils crient leur amour, au gré du vent. Mais rien n’est si simple. Parce que la jeune fille, Nil, devait épouser un homme choisi par son clan. Et que le clan gitan de son amoureux, Lucky, préfère le savoir à l’abri enfermé qu’à courir le guilledou dans des lits où on ne le souhaite pas.
Revoilà les amoureux de Vérone. Et Geronimo, une éducatrice, jouée par Céline Sallette, qui tente de maintenir la paix dans un quartier difficile, quelque part dans le Sud.
Et comme d’habitude chez Tony Gatlif… c’est en musique que cela se passe. Avec une bande-son forte qui confine parfois à la transe, il met en images et en notes les émotions de ses personnages. Entre rythmes hypnotiques, entre danses et courses folles, tout dans Geronimo n’est qu’énergie, pure, brute. De la révolte et de la force, voilà ce qu’il tire des errances de cette nouvelle génération qui va rechercher des traditions d’honneur que ses ancêtres mêmes avaient abandonnées. Et en éternel optimiste qu’il est, en amoureux de la liberté, Tony Gatlif fait exploser les carcans, peint les murs des usines désaffectées avec la révolte des jeunes, en couleurs, en sang parfois, mais il en retire toujours une chose : l’amour. Qu’il soit fraternel, familial, clanique ou entre un jeune gitan qui découvre les sentiments et une jeune Turque qui ne pensait pas être autorisée à aimer.