Une femme iranienne
Pas une mince affaire que d’être née femme en Iran. Comme dans une ribambelle de pays du monde. Encore et toujours. C’est ce dont témoigne vigoureusement ce premier long-métrage audacieux, écrit et réalisé par une femme (Negar Azarbayjani), produit par une femme (Fereshteh Taerpoor) et porté par deux actrices intenses (Ghazal Shakeri et Shayesteh Irani). Rana est mariée, amoureuse de son homme et mère de famille. Elle bosse jour et nuit pour payer la dette de son mari au mitard. Elle conduit son taxi. Mal vu pour une femme de travailler, de conduire, d’être indépendante. Adineh est fille de riche et rêve de regagner l’Allemagne, pour enfin devenir la personne qu’elle veut être. Mal vu pour une femme de vouloir échapper au mariage, au port du voile et de défier la nature et la loi machiste. Ces deux combattantes se rencontrent sur une route. Chacune a son idée fixe, son but à atteindre. Ensemble, elles vont révolutionner leur monde. Negar Azarbayjani filme au plus près des visages et des regards. Des visages qu’elle découpe au gré des foulards, perruques et bonnets. Des yeux qu’elle magnifie par un cadrage serré et des effets de miroir (les rétros du taxi). Sans complaisance ni facilité scénaristique ou morale, elle témoigne aussi d’un pays asphyxiant et pourtant pétri de contradictions hallucinantes. Une nation islamique où changer de sexe est légal, et peut même donner droit à un prêt de l’état. Tout ça pour déjouer l’homosexualité, elle est passible de peine de mort…