La famille Bélier
Il était une fois une famille d’agriculteurs français. Belle exploitation. Belle bâtisse. Parents travailleurs, amoureux et aimants. Enfants pleins de vie et bienveillants. Tout est lisse ? Eh bien non. La mère, le père et le fils sont sourds et la fille ado Paula reste le lien quotidien et social du clan. Une mécanique productive s’est installée, que rien ne perturbe. Mais… Paula grandit et a de la voix. Une telle voix que son prof de chorale la pousse à tenter le concours de Radio France à Paris. La séparation guette… Eric Lartigau surfe sur les genres, des farces du tandem Kad & O (Mais qui a tué Pamela Rose ?, Un ticket pour l’espace) à la comédie romantique revisitée (Prête-moi ta main) et au drame existentiel (L’Homme qui voulait vivre sa vie). On plonge ici en pleine chronique populaire à l’ambition double, faire rire et pleurer. Les personnages sont enlevés, les situations cocasses, les dialogues bien sentis, et l’équilibre trouvé entre atermoiements intérieurs et explosions aux dommages collatéraux. On se bidonne de voir la fille interprète des parents en plein rendez-vous médical intime. On est ému de son éclosion vocale face à ses géniteurs sourds et médusés. Virtuoses dans l’alliance subtile du lâcher-prise émotionnel et du rythme comique, Karin Viard et François Damiens excellent en fermiers fromagers, après s’être flairés en bistrotiers chez Dany Boon (Rien à déclarer). Gonflé d’oser Michel Sardou en fil rouge musical et vecteur d’émotion. La Famille Bélier l’a fait.