Sam, Marie et leurs deux enfants, Alexia et Clément, tirent le diable par la queue depuis que Sam a perdu son emploi et son moral. Vaille que vaille, ils se débrouillent, volant dans les supermarchés, et usant d’expédients. La mort d’une riche voisine chez qui Alexia répète son concours de piano est saisie par l’adolescente comme un signe providentiel… Mais les catastrophes s’enchaînent. Écrite avec une bonne dose d’humour noir et de mauvaise foi par le réalisateur (par ailleurs scénariste de Pierre Salvadori et Jean-Paul Rouve), Mika Tard, Deborah Saïag (le duo des Foons) et Nicolas Bedos, cette comédie a la niaque. Une réplique parmi d’autres : « L’honnêteté, c’est un truc inventé par les riches pour que les pauvres ferment leur gueule. » La mise en scène ne révolutionne rien, mais épouse l’énergie contradictoire des personnages. Il faut dire que le couple Sandrine Kiberlain/ Edouard Baer (réunis fugitivement dans Rien sur Robert de Pascal Bonitzer en 1998) est une trouvaille essentielle. Elle nous régale de son tempo nerveux et désopilant, tandis qu’il joue de sa nonchalance naturelle et de son sourire désarmant. Tous deux se donnent la réplique avec étincelles à la clé, et aidés par de solides seconds rôles (Benjamin Biolay, Guilaine Londez et Bulle Ogier), font passer à la trappe deux ou trois trous de scénario, d’autant plus joliment qu’ils confèrent à leur couple improbable quelque chose d’authentiquement amoureux.