Elser, un héros ordinaire
Le 8 novembre 1939, un homme seul tente d’assassiner Hitler, qui doit prendre la parole dans une taverne à Munich : mais le Führer quitte l’endroit treize minutes avant le moment programmé de l’explosion de la bombe. Bilan : huit morts, mais aucun dignitaire nazi. Oliver Hirschbiegel, réalisateur de La Chute, fait, après un détour par Hollywood et l’oubliable Diana, un retour vers son pays et un sujet qui en découle. De cette histoire vraie qui eût pu changer la face du monde, il tire un film minutieux, qui montre les interrogatoires musclés et séances de torture destinés à faire révéler à Elser le nom de ses commanditaires, et qui relate en flash-back la vie ordinaire de Georg, musicien et menuisier, amoureux des femmes et résolument apolitique, mais de plus en plus concerné et alerté par le changement qui s’opère autour de lui. L’image sépia du passé est trouée de couleurs émergeant peu à peu et emplissant tout : le kaki des uniformes, le rouge et le noir des croix gammées. Dans un genre, somme toute balisé, sur un pan d’Histoire déjà beaucoup visité par le cinéma, mais renouvelé par cet événement peu connu du grand public, Hirschbiegel passionne. La présence de ses comédiens, notamment Christian Friedel et Burghart Klaussner (tous deux inoubliables dans Le Ruban Blanc de Haneke), et le parcours de cet homme ordinaire sont d’une force implacable.