Dear White People
Le nouveau Spike Lee ? C’est avec cette question rapide que les médias ont salué l’arrivée sur la scène cinéma de Justin Simien, après le passage de son premier et incisif Dear White People à Sundance, où il récoltait également le prix spécial du jury.
Une université américaine, des maisons d’étudiants devenant le théâtre d’une lutte raciale complexe, de l’activisme, de l’humour acide pour mieux affronter ce que l’élection de Barack Obama n’a pas réglé… certes, Dear White People joue sur des plates-bandes que nous connaissons bien. Mais, à regarder attentivement ce teen movie, réinventé par des dialogues simples et spontanés et une mise en scène pop et mordante, difficile de ne pas voir que Simien et son portrait extrêmement intelligent de la jeunesse universitaire américaine – et de ses dérives – prend en réalité pour point de départ ce qui est tristement devenu le point d’arrivée de Lee. Oui, les clichés racistes, les stéréotypes font bel et bien partie de la culture ambiante. Mais, au lieu de diviser le monde entre grands méchants coupables et pauvres victimes, Simien refuse de jouer les vierges effarouchées et montre plutôt comment ces a priori traversent toutes les communautés, exacerbés encore par l’échec du mythe d’une Amérique post-raciale. Sans prétendre avoir de solution magique, Simien ne se révèle dès lors pas comme le nouveau Spike Lee. Mais comme un nouveau cinéaste à part entière dont la liberté de ton, le sens de la satire et la lucidité font assurément the right thing.