Le Conte de la princesse Kaguya
Dernier film en date d’Isao Takahata, Le Conte de la princesse Kaguya émeut à plus d’un titre. D’abord parce que ce film de 2h17 (le plus long de l’histoire des studios Ghibli) se présente comme une somme de l’œuvre de Takahata. Sorti quelques mois seulement après Le Vent se lève, présenté comme l’ultime film de Haya Miyazaki, le dernier opus de Takahata entretient également un lien très fort avec un autre grand maître de l’animation, le canadien Frédéric Back, influence assumée. Malheureusement, le réalisateur de L’Homme qui plantait des armes, disparu en décembre 2013, n’a certainement pas pu voir le film de son homologue nippon, sorti à peine un mois plus tôt au Japon. Mais halte aux lamentations, car, comme dans le cinéma de Back, c’est à une exaltation de la vie et de la nature que se livre Takahata dans cette adaptation du Conte du coupeur de bambou, texte fondateur de l’imaginaire japonais, écrit aux alentours du Xème siècle. De fait, la première demi-heure du film, véritable miniature pastorale qui voit l’apparition et la croissance accélérée de la future princesse, est probablement ce que l’on a vu de plus beau au Festival de Cannes cette année. Le reste ne démérite pas, qui mêle récit d’apprentissage, conte mythique et passages chantés dans une magnifique harmonie. Et Takahata, usant d’un trait qui allie la finesse à la simplicité, tisse une histoire, qui, bien qu’elle soit profondément ancrée dans la culture japonaise, se révèle finalement universelle et intemporelle.