Roschdy Zem n’avait jamais été aussi loin dans sa maîtrise de la mise en scène, sa rigueur dramatique, sa précision dans la direction des acteurs. Après Mauvaise foi, Omar m’a tuer et Bodybuilder, plus fragiles, plus maladroits, plus inaboutis, ce quatrième film du comédien réalisateur impose à la fois un destin hors du commun, un fait social édifiant, un cinéma populaire. C’est l’histoire méconnue de Rafael Padilla, artiste noir né esclave à Cuba, clown vedette dans le Paris de la Belle Époque, attirant les lumières dans un numéro en duo avec Footit, clown blanc austère et dépressif. Dans cette France d’avant la Première Guerre mondiale, comme dans nos temps présents troublés, un racisme nauséabond s’enracine : l’intégration à toute force qu’ambitionne l’artiste noir surnommé Chocolat ne cesse de se heurter à sa désintégration et son déclassement social par les mœurs de l’époque. James Thierrée est Footit, Omar Sy Chocolat : l’acteur noir trouve dans ce beau rôle tragi-comique une cause et une qualité de grand acteur burlesque.