Catch Me Daddy
Imaginons un instant un mélange improbable entre John Carpenter et Ken Loach situé dans une petite ville perdue d’Angleterre. C’est peut-être ce qui pourrait le mieux définir le premier long-métrage de Daniel Wolfe (coécrit avec son frère Matthew), découvert à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2014. Tout commence avec la jeune Laila, Anglaise d’origine pakistanaise, qui a quitté son étouffante famille pour vivre dans une caravane avec son amant, Aaron. Le père de la jeune femme, qui n’accepte pas cette situation, lance plusieurs personnes à leurs trousses, dont deux dangereux mercenaires.
C’est le point de départ d’un film, qui, en ne se reposant jamais vraiment sur un genre, déstabilise constamment son spectateur. Entre le thriller et le western urbain, cette traque implacable se double de la description attentive de la vie d’une petite ville du Yorkshire, lui donnant un cadre hyperréaliste qui accentue l’âpreté de son propos. Sa forme chorale (on ne peut pas vraiment parler d’un personnage principal) et son scénario, qui ne respectent pas les canons du genre, achèvent de nous désorienter. Ils font de cette œuvre, traversée d’éclats d’une noire poésie, un premier essai plus que prometteur.